Association Meusienne d'Accompagnement des Trajets de vie des Migrants
28 Août 2011
Faire le ramadan à Verdun et le faire au Bénin, ça n’a rien à voir. Nima en sait quelque chose. Lorsqu’elle rentre chez elle le soir après le travail, elle enfile sa robe traditionnelle. Sans doute pour se rapprocher de ses racines et puis aussi pour se remémorer de bons souvenirs. Ceux du ramadan en famille avec ses parents, ses grands-parents et ses cousins. « Le ramadan ici c’est différent », explique t-elle. Nima, 25 ans, est en France depuis 1997.
Cette fête religieuse qui lui est chère, elle la vit différemment à Verdun. « Par exemple je ne mange pas la même chose qu’en Afrique », explique la jeune femme. Pas de Biya, une boisson chaude à base d’une plante introuvable en France. « Un jus d’orange ou un thé vert c’est très bien », lance la Verdunoise. Pas non plus de bouillie préparée à base de mil blanc ou rouge. Elle parvient tout de même à se préparer un plat typique avec du riz et des haricots blancs. « Il y a des jours où j’ai envie de retrouver toutes ces saveurs », conclut la Béninoise d’origine. Gourmandises à part, ce qui fait surtout la différence, c’est l’absence des proches. « Une partie de ma famille vit en région parisienne », raconte t-elle. « Je partage quand même mes soirées avec deux amies à moi. L’une d’entre elles n’est d’ailleurs pas musulmane, mais elle attend toujours que le soleil se couche pour m’attendre et manger avec moi », aime raconter l’employée de l’AMATraMi, association meusienne des travailleurs migrants.
crédits photo : Franck Lallemand / ER
Reste que le ramadan est avant tout une fête familiale, un moment pour se parler, partager et même se réconcilier. « On doit savoir se contrôler. Être juste et bon », explique celle qui a commencé dès l’âge de 9 ans. Un brin nostalgique, Nima évoque volontiers des anecdotes. « Lorsqu’on était petits, on savait qu’on ne pouvait pas être puni en période de ramadan. Après une bêtise, mon père nous disait : « tu as de la chance que je fais le ramadan », se remémore t-elle avec un grand sourire. Prendre sur soi, même si l’on se sent agressé, Nima rappelle qu’à Verdun, comme au Bénin, pendant le ramadan, elle se sent « encore plus proche de Dieu ».
Durant cette période de trente jours, il faut aussi savoir combattre la faim. Pas boire, ni manger. Sous la chaleur de l’Afrique, c’est bien plus compliqué qu’avec le climat continental de la Lorraine. « En France, on avance de deux minutes tous les soirs car les jours se raccourcissent. En Afrique, c’est de 6 h à 19 h sans nourriture du début à la fin », précise la jeune musulmane. Et puis certaines contraintes peuvent raccourcir la durée du ramadan. « Je pars pour deux semaines faire les vendanges. Ca va être difficile de poursuivre le jeûne », admet la jeune femme qui prend sur ses jours de congés pour pouvoir peut être un jour retourner au Bénin.
Nastassia SOLOVJOVAS, L'Est Républicain
Repères
Exceptions à la règle
« J’ai commencé à l’âge de 9 ans, mais je ne crois pas qu’il y ait un âge obligatoire », confie Nima. Le jeûne n’est pas obligatoire pour les enfants, même si beaucoup commencent par des demijournées pour se préparer au futur jeûne une fois la puberté arrivée. Plusieurs catégories de personnes sont exemptées de saoum : les personnes âgées, les malades chroniques ou encore les malades mentaux. Les femmes enceintes, celles qui allaitent ou celles en période de règles ne sont pas obligées de commencer ou poursuivre le jeûne. Enfin, il y a également les voyageurs. Pour les personnes qui peuvent reprendre le jeûne, elles rattraperont les jours manqués. Les autres, peuvent aider à nourrir des personnes dans le besoin.
Association Meusienne d'Accompagnement des Trajets de vie des Migrants (FASTI)
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